1939-1945. La seconde guerre mondiale interrompt la prospérité qui prévaut à l'ULB pendant l'entre-deux-guerres : accroissement des bâtiments, multiplication des sections et du nombre d'étudiants. Contrairement à 1914, les Universités tentent de demeurer ouvertes afin de ne pas aggraver les conséquences de la guerre. Seule l'ULB doit fermer ses portes le 24 novembre 1941. En effet, ainsi que le retrace la correspondance avec l'occupant, l'Université a été rouverte pour faire bénéficier les étudiants de son enseignement à elle ; elle ne peut servir de camouflage à un enseignement qui ne serait pas le sien. Les négociations se poursuivent longtemps, avant de devoir se résoudre à la fermeture, l'arbitraire du commandant militaire ne permettant plus de maintenir cette situation : des tentatives d'imposer des professeurs invités, volonté d'établir un enseignement bilingue (au demeurant déjà prévu), de nommer des professeurs acquis à l'Ordre Nouveau ou de s'emparer du pouvoir par diverses menaces.
 

Square G pendant la 2e guerre mondiale

Suite à la fermeture de l'Université, malgré les menaces et les emprisonnements qui ne se font pas attendre, le Conseil refuse de rouvrir et la résistance s'organise. Entre 1941 et 1943, des cours publics destinés aux étudiants de l'ULB sont donnés avec le soutien de la Ville de Bruxelles. L'occupant mettra longtemps avant de s'apercevoir que beaucoup de membres de l'ULB les fréquentent ou y enseignent ; ils ne deviennent totalement clandestins à partir d'avril 1943. Certains étudiants s'inscrivent dans les autres universités. Par ailleurs, des membres du Jury Central favorables à l'Université permettent aux étudiants de passer leurs examens. Et bien qu'issus d'une université dont les tendances radicales de gauche et le caractère maçonnique constituent un danger permanent pour la paix durable, beaucoup d'entre eux les réussissent. Les locaux sont occupés par l'armée allemande. Par ailleurs, bon nombre d'étudiants et de professeurs gagnent l'Angleterre pour se mettre à disposition du gouvernement belge ou s'enrôlent dans la résistance. Le Groupe G, spécialisé dans les actions de sabotage, fondé et dirigé par des étudiants de l'ULB, reste le plus célèbre.

Dès la libération, la rentrée académique se tient au palais des Beaux-arts le 20 novembre 1944. La reprise des cours et des travaux pratiques a lieu en janvier 1945. Elle est marquée par un afflux d'étudiants, conséquence logique d'une fermeture de trois ans et du retour des prisonniers. Par ailleurs, les quelque trente étudiants ou personnes du corps enseignant qui ont sympathisé avec l'ennemi sont écartés de l'ULB. En 1944, on intègre l'école de pharmacie à la faculté de médecine. En 1945, on crée l'Institut Supérieur d'Éducation Physique (dont le premier projet datait de 1936). Les cours restent semblables à ce qu'ils étaient avant-guerre, mais il faut noter la création d'une sixième faculté en 1946 : la Faculté des Sciences Sociales, Politiques et Économiques qui regroupe en fait l'École de commerce et l'École des Sciences Politiques et sociales. En 1947, création du Service Social et du Sanatorium ; puis du Service médical en 1949.
 
Institut Supérieur d'Education Physique Sanatorium Eupen

Pour en savoir plus :
  • VAUTHIER Marcel : L'Université de Bruxelles sous l'occupation allemande (1940-1944), Bruxelles, Imprimeries Cock, 1944.
  • BAUDOUX Pierre : Liber Memorialis des Membres du Conseil d'Administration et du Corps Enseignant des Étudiants et Anciens Étudiants de l'Université Libre de Bruxelles Victimes de la Guerre 1940-1944 ; Bruxelles, 1953.
  • BARTIER John : Université Libre de Bruxelles 1834-1959, [Bruxelles], 1959.