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Histoire de l'ULB - La crise de 68
Le mouvement de contestation en mai 1968 est né des conséquences croisées de facteurs tout à fait généraux et internationaux et de conflits internes propres à l'Université. Fin des Golden sixties, contestation devenue systématique de la société en place par la jeunesse, contexte politique international troublé : Grèce « des colonels », guerre du Vietnam, Printemps de Prague ; le mouvement contestataire s'étend partout. En Belgique, le syndicalisme étudiant débouche lui aussi sur une remise en cause de la société bourgeoise. Le désir des étudiants de se voir associés à une gestion élargie de l'Université se fait de plus en plus pressant.
Mai 68 à l'ULB - © Archives de l’ULB
Le 13 mai 1968 a lieu la première manifestation d'envergure. Suite à une conférence de Mélina Mercouri sur le régime des colonels en Grèce, une assemblée libre composée d'étudiants et de quelques professeurs et assistants décide de rester dans l'auditoire Paul-Emile Janson où est amorcée la contestation des autorités. Il est sort un « Mouvement du 13 mai » patronné par l'Union étudiante syndicale et destiné à lutter contre l'esprit et les structures de l'« enseignement bourgeois ».
Le 17 mai, dans le but de sensibiliser l'opinion, un demi-millier d'étudiants envahit une nouvelle fois le Janson où devait avoir lieu la séance inaugurale des Journées médicales de Bruxelles, laquelle est annulée et fait place à une nouvelle assemblée libre.
Le 21 mai, environs 175 professeurs votent à leur tour une motion par laquelle ils ne reconnaissent plus l'autorité de Conseil d'Administration et demandent son remplacement par une instance démocratique élue par l'ensemble de la communauté universitaire. Une autre assemblée libre à laquelle sont conviés tous les corps de l'université est décidée pour le lendemain. Elle rassemble entre 1.200 et 1.500 personnes qui vont occuper la salle du Conseil de manière ininterrompue. Jour et nuit, l'assemblée libre occupe la totalité du bâtiment CRB (bâtiment A) qui abrite à l'époque les services de l'administration centrale et dont le Grand Hall est le cœur. L'assemblée libre fait connaître ses positions à l'intérieur comme hors des murs de l'ULB.
Dès le 24 mai, les Cercles et deux-mille « modérés » provoque au Janson une assemblée qui propose une réforme du Conseil d'administration. Le 28 mai, le CA s'est rallié à l'idée d'une nécessaire réforme et d'une plus large représentativité, et décide de céder la place à un organe à la fois plus représentatif et élu de manière plus démocratique. Mais ces mesures sont prématurées et ne rencontrent pas de consensus large. Un vote plus tardif de réforme provisoire des statuts la nuit du 20 au 21 juin débloquera la situation. L'assemblée libre, victime alors de son propre fonctionnement et de son refus de toute structure, est en perte de vitesse. Il faudra tout de même une descente du Parquet pour mettre fin à leur occupation des locaux le 10 juillet. Le nouveau Conseil est élu le 20 novembre 1968. André Jaumotte remporte la majorité absolue au premier tour et est élu Recteur.
En 1968-1969 a lieu également l'acquisition de la Plaine des Manœuvres, qui règle la question des locaux pour la VUB. Par ailleurs, compte tenu des divergences communautaires à l'échelon national, la scission de l'ULB en deux universités parallèles est sérieusement étudiée. Les mois qui suivent sont donc consacrés à la révision des statuts, à la séparation complète des deux ailes linguistiques, à la préparation à l'implantation à la Plaine et à l'aménagement des programmes dans toutes les sections, en raison du changement dans le régime légal des études et des diplômes. Les statuts consacrent en 1970 la naissance d'une septième faculté : la Faculté des Sciences psychologiques et pédagogiques, qui prend la relève de l'École, jusqu'alors abritée par la Faculté de médecine. En 1971, une nouvelle loi sur les subsidiations des universités fait passer d'un système de subsidiation forfaitaire à des allocations distribuées en fonction d'un montant forfaitaire par étudiant.
Dans le domaine de la recherche a lieu une nouvelle multiplication des centres de recherche, souvent interdisciplinaires, et surtout en sciences humaines. Sur le plan gouvernemental, le désir de coordonner la politique scientifique aboutit en 1968 à la création d'un Ministère de la Politique Scientifique (organisé dès 1959). Enfin, suite aux reproches de rester isolée dans sa tour d'ivoire, l'université réalise un gros effort d'ouverture sur l'extérieur qui se traduit de diverses façons : journées portes ouvertes, ouverture à d'autres publics, enseignements de promotion sociale pour adultes, cycles courts de conférence pour le troisième âge, multiplication des passerelles avec l'enseignement supérieur non universitaire.
Galerie : La crise de Mai 68
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Pour en savoir plus :
- DESPY-MEYER Andrée, POLLET Isabelle, D'HOORE Marc : Mai 68, vingt ans déjà ; Université Libre de Bruxelles, Bruxelles, 1988.
- Mai 68 sur le site web Cultures à l'ULB
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