Durant la décennie 1945-1955, on crée de nouveaux cours et de nouvelles sections. On met également en place des post-graduats, de nouveaux Instituts de recherche et une ébauche de départementalisation des facultés voit le jour. Par ailleurs, la recherche scientifique se développe et s'organise plus sérieusement. Ainsi, aux instituts et fondations créés avant-guerre - pour mémoire : la Fondation Universitaire (1920), le FNRS (1928), et la Fondation Francqui (1932) - s'ajoutent d'autres organismes de même nature ou de véritables centres de recherche plus spécialisés tels l'Institut pour l'Encouragement de la Recherche Scientifique dans l'Industrie et l'Agriculture (IRSIA, 1944), l'Institut interuniversitaire des sciences nucléaires (IISN, 1947) ou encore le Fonds de la Recherche Scientifique et Médicale (FRSM, 1957). Ceci entraîne un accroissement du nombre de chercheurs et de centres bénéfique à l'ULB. Dans le secteur de l'enseignement et de la recherche, les avancées se font donc progressivement.

En ce qui concerne la communauté universitaire, les changements sont plus importants. Le corps professoral reste relativement stable, mais le personnel académique croît plus rapidement. Et si le corps étudiant varie peu en quantité, par contre, sa composition se modifie sur plusieurs points. La proportion d'étudiantes augmente, celle des étudiants étrangers reste stable mais sa composition se modifie avec une proportion plus importante de Nord-Américains, une baisse des étudiants d'Europe de l'Est. Par contre, les Africains et les Sud-Américains ne sont presque pas représentés. Mais surtout, on assiste à une modification de l'origine sociale des étudiants, résultat des mesures de démocratisation de l'accès à l'enseignement secondaire et du changement dans les demandes de qualifications professionnelles ainsi que la multiplication des débouchés. L'université poursuit de ce fait son rôle social en créant divers services : social, médical, de guidance, de sports et loisirs... Et les étudiants eux-mêmes créent divers services : offices de placement, de presse, de tourisme... entre 1946 et 1950.

La décennie commençant en 1955 va, par contre, modifier profondément le visage de l'Université. Doublement du nombre d'étudiants, croissance encore accélérée, augmentation de la population d'étudiants étrangers (premier étudiant congolais en 1955), croissance rapide du personnel et construction de nouveaux locaux au Solbosch (Plaine des Manœuvres) et à la Porte de Hal pour loger toute cette population nouvelle ; reprise du dédoublement linguistique, multiplication des orientations d'études, naissance d'un droit du travail et d'une législation plus complexes, progrès extraordinaires de la recherche et création du Département d'Economie Appliquée de l'ULB (DULBEA) en 1956-1957, début également des action de « recyclage » ou cours de perfectionnement entre 1955 et 1968... Nouveaux services créés par l'université ou les étudiants eux-mêmes : Garderie, nouvelle maison d'Étudiantes, PUB en 1958, Centre international culturel et social, planning familial en 1965, développement d'un syndicalisme étudiant actif...

Il reste à signaler, en 1965, la Loi sur l'expansion des universités, laquelle autorise d'une part l'ouverture de nouveaux centres universitaires en dehors des quatre Universités existantes mais permet également à l'ULB d'étendre son enseignement vers la Wallonie, dans le canton de Nivelles. Les répercussions de ces mesures ne se feront sentir qu'après quelque temps : la progression de la population ralentit pour les universités traditionnelles et pour l'ULB, cette mesure implique une perte de sa réserve potentielle de recrutement due à la création de l'Université de Mons, à l'implantation de la faculté de médecine de l'UCL à Woluwe Saint-Lambert et même chose pour la VUB, avec la création du Centre Universitaire de la Métropole à Anvers.
 

ULB Nivelles
 
Cette « crise de croissance » s'accompagne d'un malaise latent et de tensions au niveau des autorités académiques dues aux structures mêmes de l'institution ; à tel point qu'en 1967, on met en place un Commission de réforme des statuts. Mais c'est finalement l'agitation parisienne de mai 1968, elle-même inspirée de mouvements similaires déclenchés en Allemagne de l'Ouest et aux États-Unis qui fourniront un exutoire aux conflits larvés.