Jules Bordet Créés en 1901 suivant les voeux testamentaires d’Alfred Nobel, les prix Nobel ont pour ambition de célébrer les personnalités ayant apporté le plus grand bénéfice à l’humanité dans les domaines de la littérature, de la paix, de la chimie, de la physique et de la médecine ou physiologie. Le prix de Physiologie ou Médecine est décerné par un comité spécial de l’Institut Karolinska de Stockholm sur la base des candidatures proposées par des représentants du monde scientifique et médical.

En octobre 1920, le Comité Nobel désigne Jules Bordet comme Lauréat du prix de Physiologie ou Médecine pour l’année 1919, tandis que le Professeur Krogh (Danemark) reçoit le même prix pour l’année 1920. Il s’agit des deux premiers lauréats en médecine à être couronnés depuis la fin de la Grande Guerre. En effet, le Comité Nobel n’avait pas attribué de prix durant le conflit. Les deux prix Nobel de Médecine furent présentés durant la même cérémonie.

Le 29 octobre 1920, l’Institut Karolinska de Stockholm envoie un télégramme à l’Institut Pasteur du Brabant à Bruxelles. Cependant, Jules Bordet est en voyage aux États-Unis. Le 1er novembre, il est informé de manière fortuite de l’obtention du prix Nobel : en visite à l’hôpital du « Mont Sinaï » de New York, un confrère américain se précipite vers lui pour le féliciter. Interloqué, Bordet est alors informé par ce dernier que le New York Times (en date du 30 octobre) a publié son nom comme récipiendaire du prix Nobel.

Pour le monde scientifique, l’attribution du prix Nobel à Jules Bordet n’a pas constitué une grande surprise. En effet, il avait déjà été sélectionné parmi les candidats au prix dès 1902, et son nom fut régulièrement proposé à la nomination à partir de 1908. Au total, il fut proposé 115 fois de 1902 à 1920. Toutefois, si l’attribution du prix signale une distinction scientifique, elle n’en demeure pas moins un enjeu à la fois politique et diplomatique.

Pour l’Université libre de Bruxelles, l’attribution de ce prix Nobel participe à la relance d’un mouvement d’émulation scientifique. Grâce à son activité tant dans les laboratoires des universités belges qu’à l’Institut Pasteur, Jules Bordet contribue à positionner la Belgique dans le champ de la recherche expérimentale. L’émulation provoquée par et autour de Jules Bordet et de son prix Nobel attire de nombreux étudiants et chercheurs étrangers dans les laboratoires belges et contribue, directement et indirectement, au financement de la réorganisation de l’enseignement à l’Université libre de Bruxelles à la sortie de la 1ère Guerre mondiale.