Dans la même rubrique
- Bibliothèques
- FR
- Trouver des documents
- La Digithèque
- Projets et collections spéciales
- Bruxelliana
- Publications
-
Partager cette page
Bruxelliana - Publications de G à O
- Résumé
-
Publiciste et journaliste, René Gange, qui signa de nombreux articles dans des journaux comme Le Soir et Le Patriote à la fin du XIXe siècle sous le pseudonyme de Pérégrin, demeure une inconnue. Féministe engagée, elle fonda à Bruxelles en octobre 1902 une « école de plein air » où des institutrices formées par elle donnaient des leçons aux enfants dans les parcs et les espaces verts de la ville.
Son enquête sur la ville de Bruxelles, achevée le 1er mai 1901, met l’accent sur les contrastes sociaux d’une capitale en pleine croissance, les paradoxes de la tristesse dans une ville de plaisir comme elle l’indique dans sa préface. Écologiste (et un peu bobo) avant la lettre, l’auteure déplore la vogue de produits frelatés, comme le pain ou le beurre, le manque de lumière et d’air pur, le manque de fruits frais dans l’alimentation des enfants. Elle souhaite que l’on enseigne les sciences naturelles aux institutrices, le goût de la nature à tous. Elle se révolte contre la disparition des petits commerçants au profit des grandes chaînes de magasins ; et plus généralement, elle s’indigne du passage d’un capitalisme de production à un capitalisme spéculatif. Si son enquête reste souvent un peu abstraite, des notations précises sont consacrées à la prostitution (« La partie du boulevard du Nord entre la rue du Finistère et la place Rogier est un mauvais lieu de minuit à deux heures du matin », p. 57), aux exigences des propriétaires, aux logements insalubres.
- Résumé
-
George Garnir (1868-1939) est un auteur qui, tout en menant des études de droit à l’ULB, débute sa carrière littéraire en fréquentant, autour de 1886, les cercles littéraires de La Jeune Belgique et de La Wallonie. Il s’illustre dans le journalisme (Le Journal des étudiants, Le Soir, La Nation) et dans la littérature, publiant théâtre, romans et contes. Son œuvre porte la trace de son intérêt pour le folklore et le pittoresque bruxellois. Parmi ses œuvres les plus emblématiques dans cette veine, son Baedeker de physiologie bruxelloise à l’usage des étrangers, qui réunit trois albums illustrés par Amédée Lynen (Zievereer, 1906 ; Krott & Cie, 1907 ; Architek, 1910). Il contribuera aussi à l’Exposition internationale de 1897 avec Bruxelles-Kermesse, reconstitution d’un quartier rappelant le « Vieux Bruxelles ». En 1926, il est élu à l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique.
Illustré par Amédée Lynen et Gustave Flasschoen, A la Boule Plate est un roman de mœurs qui s’attache à ressusciter un « Vieux Bruxelles » typique et pittoresque, menacé de disparition sous l’influence du cosmopolitisme et de l’« haussmanisation » de la ville. On y suit les tribulations d’un noble tournaisien déchu, Charles Lévé de Gastynes, qui, arrivé à Bruxelles dans les années 1890, loue un modeste logement chez un couple de commerçants du bas de Saint-Gilles. Le couple, qui tient un commerce de tabac, est composé de Rose Neerinckx, Bruxelloise de pure souche, et d’un Wallon, Odon Flagothier. Charles accompagne souvent ce dernier à l'estaminet « À la Boule Plate ». Odon s’y lie avec Jane Reclary, une comédienne qui l’entraîne dans une vie de bohème à travers l’Europe et le mène à sa perte, tandis Charles prend sa place auprès de Rose. Cette intrigue est prétexte à évocation de Bruxellois typiques, dans leurs comportements truculents et leur langage « brusseleir ». Ceux-ci évoluent dans les quartiers du bas de la ville (Marolles, bas de Saint-Gilles, Sainte-Catherine), présentés comme lieux d’une authentique identité bruxelloise. Non localisée, La Boule Plate évoque Le Compas, café célèbre dans le monde de la presse, situé rue Fossé-aux-Loups, où Garnir avait ses habitudes.
Voir : Auguste Vierset, Trois écrivains belges : Louis Delattre, George Garnir, James Vandrunen, Bruxelles, Labor, [1948] ; Coraline Baligant, Charlie Bonnave et Julies Claeys, « Bruxelles pittoresque : une lecture orientée de l’espace urbain dans À la Boule Plate (1907) de George Garnir », Textyles, n°47, 2015, p. 51-67.
- Résumé
-
Ingénieur et officier du génie, homme d’affaires, l’auteur se fit surtout connaître en 1913-1914 par son projet de vendre une partie du Congo belge à l’Allemagne (Le Congo belge. Le fond du sac, 1914).
Sous-titré « Roman encyclopédique. Nature-Amour-Hérédité », ce gros roman s’inscrit dans la lignée du déterminisme héréditaire cher à Zola, mais sans la moindre des qualités stylistiques de l’écrivain français. Il se présente comme un roman familial historique consacré à la famille van Hammer, qui commence au XVIIe siècle et s’achève à la période contemporaine. Il développe surtout une histoire d’amour débutant vers 1895 lorsqu’un jeune Belge nommé André est séduit par la belle Louise. Mais celle-ci est pauvre, et la proie d’Isaac Bloch, un juif cupide qui finira par la forcer au mariage. L’intérêt principal du livre réside dans ses nombreuses descriptions de la ville : de la Grand-Place, des parcs Léopold ou de Bruxelles, des banlieues (la vallée de la Senne, Groenendael, les Quatre-Bras) et de la vie quotidienne d’un milieu de gens d’affaires se piquant d’art. On notera ainsi une description détaillée d’un atelier d’artiste. Le récit développe par endroits une véritable réflexion urbanistique. Le portrait d’Isaac Bloch témoigne par ailleurs d’un violent antisémitisme.
- Résumé
-
A Théodore Hannon (1851-1916) est aujourd’hui principalement connu comme promoteur du naturalisme en Belgique. Au cours de sa vie, il usa de plusieurs casquettes : après avoir abandonné la médecine, il devint peintre, graveur, poète, critique d’art et de littérature, revuiste et directeur de revue. Tant pour les lettres que pour les arts, il sut trouver ses maîtres : Joris-Karl Huysmans et Félicien Rops. Il collabora à diverses revues et cercles littéraires et artistiques tels que la Jeune Belgique et la Société Internationale des Aquafortistes. Surtout, il contribua à fonder, en 1875, la revue d’avant-garde L’Artiste qui se tourna résolument vers le naturalisme lors de son directorat et prit pour devise « Naturalisme-Modernité ».
Le recueil de poésie Les Rimes de Joie (1881) consacra Hannon comme poète tout à la fois baudelairien et naturaliste. Au Pays de Manneken-Pis est publié deux ans après ce premier succès, en 1883, et en est une version revue et augmentée, affichant désormais explicitement son inscription dans le sol bruxellois. Publié chez l’éditeur naturaliste Henry Kistemaeckers et illustré par Amédée Lynen, Manneken-Pis mêle clichés flamands et images baudelairiennes. Sous-titrés « études modernistes », ces poèmes s’inscrivent dans la perspective d’une nouvelle relation entre l’art et la réalité contemporaine et se rapprochent indéniablement du genre des physiologies par le regard porté sur les mœurs et les types bruxellois.
Voir : Christian Berg, « Le Suffète. Note sur Théodore Hannon et les Rimes de joie », dans Paul Delsemme et Raymond Trousson (dir.), Le Naturalisme et les Lettres françaises de Belgique, Bruxelles, Éditions Université libre de Bruxelles, 1984, p. 129-140 ; Mélanie de Montpellier d’Annevoie, « Au Pays de Manneken-Pis de Théodore Hannon : analyse de la représentation de Bruxelles », Textyles, n°53 (2018), p. 141-152.
- Résumé
-
Fils du célèbre éditeur du même nom, Henry Kistemaeckers (1872-1938) débute à l’âge de vingt ans dans le champ littéraire belge naturaliste avec la publication de son premier roman, Lit de cabot. Mœurs de coulisses. Étudiant en lettres à l’Université de Bruxelles, il se lance à la fois dans la littérature, le théâtre et le journalisme. Ambitieux, il quitte ensuite la Belgique pour poursuivre sa carrière à Paris. Il y fréquente le « Tout-Paris » et collabore à plusieurs périodiques de renom. En 1903, il se fait naturaliser français. Il s’illustrera ensuite en tant qu’auteur dramatique à succès ainsi que comme scénariste de cinéma, devenant ce que l’on appelle un « auteur commercial ».
Lit de cabot décrit avec vivacité les mœurs curieuses d’une troupe de petits comédiens en tournée au théâtre de l’Alhambra. Henry Kistemaeckers y utilise tous les ressorts du naturalisme, accentuant volontiers dans ses descriptions le caractère sordide des milieux interlopes de la capitale. Le récit dépeint les vadrouilles et les frasques des cabotins à travers le Bruxelles nocturne et ses coins louches. De la petite rue des Bouchers aux Galeries Saint-Hubert, en passant par le quartier de la Grand-Place et ses cafés, l’écrivain observateur décrit minutieusement ces espaces et les populations qui les fréquentent. En dehors des virées nocturnes de la troupe, Kistemaeckers révèle les misères dont ce milieu est accablé. Esclaves de l’appréciation aléatoire du public des boulevards, les petits comédiens de Lit de cabot subiront cruellement les aléas de la débâcle.
Voir : Christian Janssens, « Henry Kistemaeckers, un “auteur commercial” dans le théâtre et le cinéma français, de la Belle Époque aux années 1930 », Textyles, n°49, 2016, p. 113-132.
- Résumé
-
Camille Lemonnier (1844-1913), écrivain et journaliste né à Ixelles, fit ses débuts dans la critique d’art avant d’entamer une carrière de romancier. Affichant un certain lyrisme et une constante recherche de raffinements stylistiques, ses romans se distinguent du naturalisme français dont, en raison de l’exploitation de certains sujets, on a eu tendance à le rapprocher. On lui doit, entre autres, Un mâle (1881) – qui fit de lui le chef de file de la « jeune » littérature belge –, Happe-Chair (1886) ou encore La Fin des bourgeois (1892). Dans La Vie belge (1905), il trace un portrait de la Belgique, et plus particulièrement du Vieux Bruxelles en pleine mutation, tandis qu’Une vie d’écrivain (1945, rééd. 1994), tout en évoquant sa ville natale, affiche une visée plus nettement autobiographique.
Situé essentiellement à Bruxelles (hormis une villégiature à la côte belge), Madame Lupar raconte les tribulations de Léonie Lupar, coquette femme d’origine modeste mariée à un petit employé du Ministère. Éprise de luxe et de confort, l’héroïne arrondit ses fins de mois en se prostituant en cachette. Elle accumule ainsi, à l’insu de son naïf époux, un petit capital qui lui permet, entre autres, d’assouvir sa passion pour la décoration intérieure de sa maison et d’assurer son ascendant sur son mari. S’octroyant une grande liberté de mouvement, elle parcourt les hauts lieux de la promenade bruxelloise (Parc Royal, Galeries Saint-Hubert, rue Montagne de la Cour, rue de la Madeleine, cafés, grands magasins) et organise ses rencontres clandestines d’une part, chez une corsetière de la rue Neuve, d’autre part, dans l’atelier d’un artiste dont elle devient la maîtresse. Soupçonneux, son mari finit par la prendre en filature et à errer dans la ville en quête d’indices pour la confondre.
Voir : Robert O.J. Van Nuffel, « Lemonnier, Antoine, Louis, Camille », dans Nouvelle Biographie nationale, vol. 2, Bruxelles, Académie royale de Belgique, 1990, p. 254-262 ; Philippe Roy, Camille Lemonnier, maréchal des lettres : biographie, Bruxelles, SAMSA Édition et Académie royale de langue et de littérature françaises, coll. « Histoire littéraire », 2013 ; Laurence Brogniez, « Madame est sortie. Parcours féminins dans le roman bruxellois de la seconde moitié du XIXe siècle », Romantisme, n°179, « Littérature et arts au XIXe siècle : questions de genre », D. Zanone, C. Planté (dir.), 2018, p. 85-102.
- Résumé
-
Franz Mahutte (1862-1927) est un journaliste, romancier et conteur belge. Il fit ses études à l’Université libre de Bruxelles avec Henri Nizet : tous deux furent promus docteurs en philosophie et lettres la même année, en 1881. Les deux auteurs partagent d’ailleurs le même engagement esthétique en faveur du naturalisme. Mahutte évoque, avec une ironie mordante et une prédilection pour le détail sordide, la vie des médiocres, que ce soit en province ou dans la capitale. Le caractère « bas » des personnages contraste avec la recherche formelle d’un style coruscant et raffiné, proche de celui d’un Lemonnier. Mahutte évoque très souvent Bruxelles dans ses récits (Contes microscopiques, 1886 ; Bruxelles vivant, 1891). Correspondant du Journal des Débats (Paris), contributeur au Petit Bleu et à La Jeune Belgique, il fut aussi rédacteur en chef du journal La Liberté.
Sans horizon (1896) évoque la pitoyable destinée d’une famille de professeurs, les Marbaix. Le récit s’ouvre sur les tribulations peu glorieuses de la famille Marbaix à Boucy, petite ville de province, où le père occupe la fonction de professeur de latin et de grec. Après le décès de son épouse, le héros s’installe à Bruxelles avec ses deux fils, Paul et Charles. Tandis que le premier menace de ruiner sa famille par de « frayantes gaudrioles », le second, sérieux, obtient son doctorat en philosophie à l’Université. Déçu par son premier emploi dans une banque, il trompe son ennui entre les cafés distingués (Sésino, Mille-Colonnes, Grand-Hôtel) et les bouges du quartier Saint-Laurent avant d’accepter un poste d’enseignant à Famal, dont la vie morne et abrutissante ne lui réussit pas mieux. Allant de déception en déception, Charles Marbaix, confronté à la bêtise de ses collègues, de ses élèves et des notables de la ville, cherche réconfort dans un lupanar d’une ville de garnison voisine. La prostituée allemande auprès de laquelle il avait trouvé quelque affection l’ayant « plaqué », il se résigne à 24 ans, à un avenir résolument « sans horizon ».
Voir : Auguste Vierset, Franz Mahutte, Bruxelles, Société belge de librairie, 1911 ; Georges Rency, Un oublié. Franz Mahutte, Bulletin officiel de l’Association des écrivains belges, n°8, p. 135-136, octobre 1931 ; Paul Delsemme, Le mouvement naturaliste dans le cadre des relations littéraires entre la France et la Belgique francophone, dans Paul Delsemme, Raymond Trousson, Le Naturalisme et les lettres françaises de Belgique, Bruxelles, Éditions de l’Université libre de Bruxelles, 1984.