Les ouvrages peuvent être consultés ci-dessous, via une liste alphabétique des auteurs.
  • Les références avec l'icône   sont téléchargeables directement.
  • Certains ouvrages étant encore soumis à la législation sur les droits d’auteurs, nous ne pouvons les proposer en libre accès. Ils sont disponibles sur l'Iconothèque numérique en Accès Intranet, sur place ou connexion hors-campus EZ-Proxy (service réservé à la communauté universitaire ULB).
ARCHAMBEAU P.H.E. D’, Souvenirs d’un Bruxellois sur les chansons entendues dans les rues et les estaminets de la ville : humour et folklore 1890-1950, [Uccle. : s.n., 1951].
BAILLON André, Histoire d’une Marie, Edition originale, Paris : F. Rieder et Cie, 1921.
Résumé

André Baillon (1875-1932) est un des plus importants écrivains belges du XXe siècle. Ses romans et récits empruntent largement leur matière à sa vie de journaliste et d’écrivain, mais il la transpose dans une langue stylisée qui a fait sa réputation internationale. Si Bruxelles sert de décor à plusieurs de ses ouvrages, c’est toutefois dans Histoire d’une Marie qu’elle est sans doute la plus présente.

Premier roman d’André Baillon à rencontrer un certain succès en France et en Belgique, l’Histoire d’une Marie raconte d’abord la vie de Marie, servante puis prostituée au grand cœur, et sa rencontre avec l’écrivain Henry Boulant, double fictionnel de l’écrivain. La seconde partie du récit s’attache à leur vie commune, puis à leur séparation lorsque Henry rencontre Germaine Lievens, enfin à l’écriture même d’un livre intitulé Histoire d’une Marie. Avec beaucoup de finesse, l’auteur suit ses personnages dans les différents quartiers de Bruxelles où ils vivent, aiment, travaillent ou se délassent. Cette géographie sensible trace le portrait d’une ville traversée par de nombreuses frontières invisibles et révèle la capacité des personnages à s’y frayer leur chemin.

Voir : Textyles, n°6, André Baillon le précurseur, 1989 ; Frans Denissen, André Baillon. Le gigolo d’Irma Idéal, Bruxelles, Labor, 2001 ; Maria Chiara Gnocchi, Le Parti pris des périphéries, Bruxelles, Le Cri, 2007 ; Geneviève Hauzeur, André Baillon. Inventer l’Autre, Bruxelles, Berlin, Peter Lang, 2009.

BAY Paul, Bruxelles en profondeur : roman, Bruxelles : Ed. des Cahiers de la Chaumière, 1960.
Résumé

Paul Bay (1887-1970), né à Thuin, a exercé divers métiers avant de devenir employé à la société coloniale, la « Forminière ». Il mit à profit sa retraite pour écrire de nombreux ouvrages, romans, poèmes et essais littéraires en tous genres. Il a aussi publié des milliers d’articles dans divers journaux et revues. Il a usé de plusieurs pseudonymes, dont Kashama, Pierre Gemme, Thirimont, Pierre Brocheton, Pedro Christalli, Gustave Flobert, André Bermann, Jean Guenille, etc.

Essai plutôt que roman, Bruxelles en profondeur se compose de petits chapitres évoquant diverses personnalités curieuses de la vie bruxelloise qui ont en commun de vivre ou d’avoir vécu dans une cuisine-cave. Nombre de scènes se passent dans le quartier de Laeken, très reconnaissable même si tous les noms propres ont été transformés sans aucune justification (la rue Véronèse devient la rue Orlando, le poète Yvan Gilkin s’orthographie Yvain Gilkhan, etc.) Le texte est rédigé à la va-vite (une jeune femme « verte de froid » de la p. 17 est dite « bleue de froid » deux pages plus loin). Ces séquences alternent avec des réflexions personnelles sur le mouvement flamand (l’auteur y est opposé), sur l’évolution du trafic dans les rues, sur le sort des petits commerçants, etc. Nonobstant la pensée peu articulée du narrateur, c’est le portrait d’une ville en pleine transformation, dans les années 1950 et 1960, sur fond de décolonisation progressive et de guerre de Corée. 

Voir : Dossier sur Roger Foulon disponible sur le service de livre Luxembourgeois.

BLARAMBERG Nicolas de, Essai comparé sur les institutions, les lois et les moeurs de la Roumanie depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, Bucarest : Imprimerie du Peuple roumain, 1885.
Résumé

« Cette manie moderne de singer sans discernement, explique l'instabilité des lois nouvelles. Incomprises la plupart du temps, elles n'ont même pas l'avantage de parler à l'imagination, comme le feraient des prescriptions qui auraient leurs racines dans nos mœurs et dans notre passé historique. ».

En écho au Festival Europalia Romania, la Digithèque de l’ULB met en lumière l’Essai comparé sur les institutions et les lois de la Roumanie depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours que Nicolas de Moret de Blaramberg (1837-1896) publie en 1885 à l’enseigne de l’Imprimerie du « Peuple roumain », journal éponyme dont il est le fondateur.

Soulignons l’importance de cet ouvrage notamment par le fait que l’édition française de 1886 est immédiatement disponible à l’Institut de Sociologie (Instituts Solvay, Parc Léopold, Bruxelles). C’est l’époque bénie où toute l’intelligentsia européenne parle le français et la Roumanie est qualifiée de « Belgique de l’Orient ».

BONDROIT Gustave, Le Capitaine Van Krol : roman de mœurs bruxelloises, Bruxelles : imprimerie A.-R. De Ghilage et Cie, 1902.
COPPIN Marguerite, Monsieur Benoidon, docteur : roman de moeurs, Liège : Société belge d'éditions, 1909.
COUROUBLE Léopold, La Maison espagnole, 3ème édition, Bruxelles : J. Lebègue et Cie, 1904.
Résumé

Léopold Courouble (1861-1937) est connu comme un des créateurs du « roman bruxellois », grâce à La famille Kaekebroek (1901). Il déclina ensuite ce thème en une sorte de saga régionaliste. Il fut docteur en droit, brièvement avocat (jusqu’en 1904), journaliste et chroniqueur judiciaire sous le nom de maître Chamaillac, juge et procureur au Congo ensuite. Après la Grande Guerre, il vécut à Toulon et écrivit pour La Nouvelle Gazette. ll revint à Bruxelles en 1937 et était domicilié 43 rue du Mont Blanc à Saint-Gilles. Il fut élu à l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique en novembre 1931.

Cet ouvrage de souvenirs reprend en partie la matière des Contes et souvenirs (1893). Il évoque la vaste demeure familiale où l’écrivain a vécu son enfance et sa jeunesse. Cette maison est située au 38, rue des Chartreux (elle portait à l’époque le numéro 11). Elle existe encore malgré d’importantes transformations en 1876 et diverses rénovations ultérieures. Elle possédait un vaste jardin débouchant sur la Senne, avant son voûtement, que l’auteur évoque longuement. Il décrit également la serre où pousse une belle vigne, ainsi que la vie quotidienne du « Vieux Bruxelles » : fréquentation du théâtre de la Monnaie et de l’Alhambra, promenades en ville, commerces de bonbons, etc. Pendant la guerre de 1870, les parents Courouble donnent l’hospitalité à des soldats français blessés. Dans une seconde partie, il évoque ses années de lycée au collège Michelet de Vanves, puis à Louis-le-Grand. Sur le plan littéraire, l’auteur insiste sur le monde bourgeois dans lequel il a vécu, qui n’a rien à voir, dit-il, avec le caractère populaire des Kaekebroeck qui ont fait sa notoriété.

Voir : Gustave Vanwelkenhuyzen, « Courouble », Biographie Nationale, Bruxelles, Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, 1973, vol. XXXVIII supplément tome X (fascicule I), version numérisée consultée sur Académie royale de Belgique et Notice de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique.

COUROUBLE Léopold, Contes et souvenirs, Bruxelles : P. Lacomblez, 1923.
DELATTRE Louis, La loi de péché, Paris : Société du Mercure de France, 1899.
DEMOLDER Eugène, Sous la robe : notes d'audience, de palais et d'ailleurs d'un juge de paix, Paris : Société du Mercure de France, [1897].
Résumé

Eugène Demolder (1862-1919) fut romancier, critique d’art et conteur, mais également avocat, puis juge de paix (de 1888 à 1897). Il collabora au Palais, l’organe de la Conférence du Jeune Barreau de Bruxelles, entre 1885 et 1891, et en assuma la direction en 1886 et en 1887. Il donna en outre de nombreux croquis et contes judiciaires au Journal des Tribunaux. Il fonda Le Coq rouge avec Georges Eekhoud et Émile Verhaeren, en réaction aux outrances parnassiennes de La Jeune Belgique, et adhéra à l'expérience pluraliste de La Société Nouvelle. Il fut l’époux de Claire Rops, la fille du graveur Félicien Rops, auquel il a consacré un ouvrage. C’est elle qui illustre les œuvres de son mari, sous le pseudonyme d’Etienne Morannes.

Sous la robe est un recueil de souvenirs bruxellois de l’écrivain. Ces « notes d’audience » forment un livre chaleureux, ironique et acerbe, qui est l’un des témoignages les plus vivants que l’on conserve sur le monde du barreau des années 1885-1895. Il révèle une compassion pour les petites gens défilant en Justice de Paix et développe un humanisme qui plaide pour un rejet des pompes judiciaires. Le Palais de Justice de l’architecte Poelaert est sévèrement critiqué pour sa démesure « babylonienne », mais l’auteur en donne une savoureuse « visite guidée » (chapitre IV).

Voir : Paul Aron, « Demolder (Eugène-Ghislain-Alfred) », dans Biographie nationale, t. XLIV, Bruxelles, Établissements Émile Bruylant, 1985, col. 396-402 ; Jonathan Devaux, « “Tres capita, una mens.” Le trio Félicien Rops – Etienne Morannes –Eugène Demolder et la pratique de l'illustration de livres à la Demi-Lune », Le Livre & l’Estampe, LV, n° 172, 2009, p. 41-75.

DES OMBIAUX Maurice, Psychologie d'une capitale, Paris, Bruxelles : Librairie moderne, 1920.
Résumé

Maurice Des Ombiaux (1868-1943) est un écrivain belge, né à Beauraing et mort à Paris. Il a vécu à Thuin, qui lui a rendu hommage en lui dédiant un monument (par Charles Piot, 8 mai 1938). Une rue bruxelloise porte aussi son nom. Fonctionnaire, journaliste, chef de cabinet du ministre libéral de Broqueville pendant la Première Guerre mondiale, Des Ombiaux est un défenseur de la culture wallonne et l’auteur d’une œuvre abondante, principalement en prose, se composant de romans, contes et récits divers. Il est aussi connu par ses ouvrages sur la gastronomie et les vins de Bourgogne.

La Psychologie d'une capitale est un essai historique qui brosse à grand traits l’histoire de Bruxelles, entre ses voisines et concurrentes directes (Louvain, Malines, Anvers) et en regard des conflits internationaux et des différents régimes qui s’y appliquèrent. Le portrait n’est pas flatteur. Bruxelles apparaît comme une ville sans courage ni intellectualité, une cité qui préfère le commerce à la pensée ou à l’art, une « ville qui ne produit pas et se contente de jouir ». Sa suprématie est liée à la faiblesse des autres, non à ses initiatives. Ni la manière de parler (« la béotie belge est caractérisée aujourd'hui par le bruxellois »), ni l’esprit public de la capitale, ni d’ailleurs son université, ne trouvent grâce à ses yeux. La capitale contemporaine, dont il décrit brièvement la vie intellectuelle, n’a guère plus de qualités aux yeux d’un auteur qui se sent pleinement intégré à la vie parisienne. C’est ce déni systématique qui fait l’intérêt d’un récit par ailleurs dépourvu d’originalité. Des Ombiaux célèbre toutefois les satires qui couraient à Bruxelles contre le duc d’Albe et les compare à l’esprit de résistance de la population pendant la Grande Guerre.

Voir : Jean-Marie Horemans, Maurice Des Ombiaux. Prince des conteurs wallons, Charleroi, Institut Jules Destrée, 1968.

DETRY Arthur, Bettina : roman de moeurs, Bruxelles , Liège : E. Scheler, 1906.
DEVOGEL Victor, Légendes bruxelloises, Nouvelle édition, Bruxelles : J. Lebègue et Cie, 1914.
Résumé

Victor Devogel (1864-1958) fut instituteur puis enseignant d’histoire. Il dirigea l’école supérieure professionnelle de Saint-Gilles, puis les écoles de la Ville de Bruxelles. Il était membre du cercle philanthropique laïc « Le Taciturne » à Saint-Gilles. Il a surtout publié des contes et légendes à destination du jeune public et des essais de pédagogie.

Souvent rééditées, les Légendes bruxelloises sont publiées pour la première fois en 1891 par l’éditeur J. Lebègue. L’auteur se présente comme folkloriste, mais ses récits poursuivent aussi une finalité pédagogique et morale de « lutte contre les vieux préjugés ». Documentés par la lecture des historiens de la ville, les récits de Devogel se déroulent pour la plupart dans le vieux centre de Bruxelles et au Moyen Age. Ils prennent appui sur les toponymes des rues et des quartiers et sur quelques monuments encore visibles de nos jours de manière à fabriquer une histoire anecdotique et divertissante de la ville pouvant être mise entre toutes les mains.

DEVOGEL Victor, Petites chroniques bruxelloises : scènes de l'histoire de Bruxelles, Bruxelles : Librairie Vanderlinden, [s.d.].
Résumé

Les Petites chroniques bruxelloises, scènes de l’histoire de Bruxelles, font suite aux Légendes bruxelloises du même auteur.

Elles reprennent le dispositif du recueil précédent, dont elles poursuivent également le style archaïque. Certains récits se présentent sous la forme de dialogues, d’autres sont narratifs. L’ouvrage participe à l’élaboration d’une mémoire collective, avec ses "grands hommes"  (‘T Serclaes ; Jacques Stovaert ; Pierre de Marbais), ses lieux-dits mythiques (la Steenpoort, la place de Bavière), ses fêtes (l’Ommeganck), ses révoltes populaires et le comportement de la population sous différentes dominations étrangères.

DEVOS Prosper-Henri, Monna Lisa, Bruxelles : Oscar Lamberty, [1911].
Résumé

Prosper-Henri Devos (1889-1914) n’a laissé derrière lui qu’une mince œuvre, dont deux romans, Un jacobin de l’an CVII (1910) et Monna Lisa (1911).

Lors de la Première Guerre mondiale, il trouve en effet prématurément la mort au terme d’une bataille à Ramskapelle. Fonctionnaire communal à Anderlecht, ce jeune autodidacte annonçait un avenir prometteur dans la carrière des lettres. Il fit en effet son entrée dans le champ littéraire à l’âge de 19 ans en créant la revue La Belgique française, destinée à la défense de l’autonomie et de l’identité de la littérature francophone belge. Par ailleurs, il publia quelques chroniques littéraires remarquées dans la revue Le Thyrse (1899-1968) et composa deux pièces dramaturgiques, Le Curieux impertinent et La Prudence du Roi Philippe (s.d.).

Monna Lisa brosse le portrait psychologique d’une petite bourgeoise, Lisa, qui sacrifie son existence pour son compagnon, le peintre Liévin Laureyssens. Devenue sa muse, elle accompagne son groupe d’amis esthètes dans les cabarets, les cafés et les théâtres du centre de Bruxelles. À l’issue de ses frasques nocturnes, Liévin abandonne bientôt son égérie pour une petite théâtreuse de l’Alcazar, Andrée. Au fil du roman, nous suivons ainsi les amants dans leurs tourments amoureux à travers Bruxelles, notamment au sein des festives Galeries Saint-Hubert et du cabaret du Diable-au-Corps. Quelques scènes clés se déroulent au bois de la Cambre et le long de l’avenue de Tervueren, qui donne matière à une réelle réflexion urbanistique. Roman de la vie artistique, Monna Lisa semble s’inscrire dans la continuité des romans réalistes belges de la seconde moitié du XIXe siècle qui réservaient une place de choix aux personnages de peintres.

Voir : Paul Delsemme, La Bataille littéraire (1919-1924) ou aspirations et déceptions d’un après-guerre, Bruxelles, Académie royale de langue et de littérature française de Belgique, 2007. [En ligne : http://www.arllfb.be/ebibliotheque/communications/delsemme081103.pdf]

DREVE Jean, Le coup de pistolet de Poumpernikel, Bruxelles : Imprimerie J.-E. Goossens, 1924.

DREVE Jean, Monsieur Bol : moeurs béotiennes, Bruxelles : Editions Gauloises, 1925.

DOFF Neel, Jours de famine et de détresse, Paris : Bibliothèque Charpentier, Eugène Fasquelle, 1911.

Résumé

D’origine hollandaise, Cornélia Doff, dite Neel (1858-1942), est issue d’une famille ouvrière de neuf enfants. Les exodes successifs de ses parents la conduisent à Bruxelles, où elle gagne sa vie en posant comme modèle. Dans ce milieu d’artistes, elle rencontre l’avocat Fernand Brouez (directeur de la revue libertaire La Société Nouvelle). Ce dernier l’encourage, pour parfaire son éducation, à s’inscrire, en 1886, au Conservatoire, où elle suit une formation en diction et découvre la littérature. Après le décès de Brouez, en 1900, elle épouse en secondes noces l’avocat anversois Georges Serigiers, grand amateur d’art, dont les relations lui ouvrent plus largement les portes des milieux artistiques et intellectuels. À cinquante et un ans, installée dans un quartier bourgeois d’Anvers, Neel Doff entame la rédaction du premier volet d’une trilogie largement autobiographique (Jours de famine et de détresse, 1911 ; Keetje, 1919 ; Keetje Trottin,1921).

Jours de famine se compose de 43 récits brefs situés d’abord à Amsterdam, puis, à partir du « troisième exode », à Bruxelles. L’auteur évoque les tourments de la faim, les tentations du vol contre lesquelles elle met en garde ses frères, l’impuissance des parents et ses propres difficultés à grandir et à s’instruire en ayant sa beauté pour seul atout. Le dernier récit présente son expérience de la prostitution dans le centre de Bruxelles.

Voir : Neel Doff 1858-1942, Bruxelles, Bibliothèque royale, 1992 ; Évelyne Wilwerth, Neel Doff. Biographie, Bruxelles, Éditions Bernard Gilson/Pré aux Sources, 1992 ; Madeleine Frédéric, « Doff Cornélia, Hubertine, dite Neel (1858-1942), épouse Brouez puis Serigiers », dans Eliane Gubin, Catherine Jacques, Valérie Piette et Jean Puissant, dir., Dictionnaire des femmes belges XIXe et XXe siècles, Bruxelles, Lannoo, 2006, p. 207-209

DOFF Neel, Keetje : roman, Paris : Société d'Editions Littéraires & Artistiques, Librairie P. Ollendorff, [1919].

Résumé

Keetje (1919) décrit une ascension sociale qui se traduit concrètement par une conquête spatiale de Bruxelles, en même temps qu’une une conquête littéraire – puisque l’écriture romancée de son vécu permet à l’auteure de gagner sa place dans le champ littéraire. C’est tout au bas de la société, dans les quartiers du « bas de la ville », que Keetje commence son parcours par une tentative de racolage. Grâce à sa beauté, elle abandonne cependant rapidement ce métier de « coureuse de trottoir » pour celui de modèle et grâce à la fréquentation des artistes, elle forme peu à peu son éducation et son goût. La narratrice note l’écart géographique, et par conséquent social et intellectuel, qui la sépare de cette caste des artistes, qui vivent à « l’autre extrémité » des faubourgs populaires où elle est confinée. Une fois sous la protection d’ un étudiant qui devient son amant attitré, Keetje peut avoir accès à des loisirs plus légitimes et aller au café, au restaurant, au music-hall, au spectacle des galeries Saint-Hubert. L’héroïne accède à la promenade au sens honorable du terme, notamment rue Montagne de la Cour, où elle peut véritablement exercer sa «citadinité ». De la même manière, les promenades en voiture découverte au Bois de la Cambre, ou les trajets en tram avenue Louise lui donnent l’impression « d’avoir reconquis le monde ». L’aboutissement de son parcours social sera l’acquisition d’un « lopin de terre », où elle se construit une « petite maison de briques », dotée d’un jardin privatif, loin de la ville, lieu idyllique qui incarne la stabilité et la sérénité recherchées qui lui permettront de jeter un regard rétrospectif sur sa vie et d’écrire son histoire.

DOFF Neel, Keetje Trottin : roman, Paris : Editions du Tambourin, 1930.

DUMONT-WILDEN Louis, Coins de Bruxelles, Bruxelles : Association des Ecrivains belges, 1905.

FISCHER Frans, Bruxelles d'autrefois, Bruxelles : Editions Labor, 1941.
Résumé

Frans Fischer (1875-1949) était un homme politique socialiste. Il fut journaliste au Peuple, conseiller communal de Schaarbeek à partir de 1907, échevin des travaux publics de 1912 à 1947, député ensuite. Il fut incarcéré à Breendonk par l’Occupant nazi en 1941 (L'enfer de Breendonck. Souvenirs vécus, Bruxelles, Labor, 1944). On lui doit aussi d’intéressants souvenirs (Écrits sur le sable. Cinquante ans de journalisme, Bruxelles, 1947).

Bruxelles d’autrefois est un recueil d’anecdotes, de souvenirs et de brefs tableaux qui évoquent la vie bruxelloise depuis les années 1880 environ, jusqu’à la Première Guerre. L’auteur centre son attention sur les fêtes, les défilés populaires, les divertissements, la zwanze. Il décrit de manière savoureuse et vivante les jeux des enfants comme ceux des adultes et les lieux où ils se font ; les cris de la rue ; les revues de fin d’année ; les cercles politiques et leurs cafés de réunion ; il montre le passage Saint-Hubert, la vie estudiantine et celle des commerces de nourriture dans le centre-ville ; il dépeint aussi quelques personnalités truculentes (comme Guillaume Kennis ou Emmanuel Hiel). Au passage, Fischer relève également les expressions en vogue dans les cours de récréation et dans le parler populaire, et cette attention portée à la langue le rapproche de son alter ego libéral, George Garnir.

FLOR O'SQUARR Charles, Histoire anecdotique du casino Saint-Hubert : souvenirs du Vieux Bruxelles, Bruxelles : H. Kistermaeckers, 1884.
Résumé

A Charles Oscar Flor (1830-1890) partageait son pseudonyme avec son fils (Charles-Marie Flor, 1875-1921), d’où les difficultés d’attribution de leurs œuvres respectives. Le père était journaliste (Le Figaro, L’Echo de Bruxelles), revuiste (Quel plaisir d’être bruxellois, 1874), chroniqueur (Souvenirs du vieux Bruxelles, 1884) et romancier (Chrétienne, 1884 ; Les Fantômes, 1885, numérisé sur Gallica). Il semble être l’auteur de l’Histoire anecdotique du Casino Saint-Hubert.

Sous-titré « Souvenirs du vieux Bruxelles », l’ouvrage s’attache à présenter un haut lieu du divertissement bruxellois : le Casino Saint-Hubert (rebaptisé par la suite Théâtre du Vaudeville), à savoir un café-concert des Galeries royales du centre-ville où l’on représentait notamment revues théâtrales et vaudevilles. Plusieurs pièces de l’auteur y furent montées. Flor O’Squarr adopte un ton mélancolique, célébrant la gaité d’une époque disparue dont il fut le témoin. La vie du Casino ainsi que l’histoire du quartier avoisinant (avec ses théâtres, musical-halls, estaminets, etc.) sont minutieusement retracés au travers d’anecdotes, ressuscitant les directeurs, artistes, journalistes, spectateurs qui ont contribué à l’animation de ce lieu nocturne.

FREDDY G., Bruxelles-inconnu : études vécues, Wavre : Librairie contemporaine, 1904.
Résumé

Cet ouvrage réunit en volume les articles publiés par un journaliste dans le quotidien Le Petit Bleu entre 1902 et 1904. Son enquête dans les milieux populaires de Bruxelles présente l’intérêt majeur d’être le premier exemple de reportage en immersion de la presse belge. L’auteur explique dans sa préface qu’il s’est déguisé pour pratiquer effectivement les divers métiers qu’il évoque (colporteur de gibier, marchand de buis ou de fleurs, abatteur, camelot ou chanteur de rues, etc.) et qu’il a également fréquenté les prisons des Minimes ou de l’Amigo, l’Asile Baudouin et les lieux de la mendicité bruxelloise. L’enquête est racontée de manière directe, sans trop de moralisme. L’auteur porte une attention particulière à la langue de ses personnages, et son livre est une des sources citées par ceux qui étudient le dialecte bruxellois.

Un second volume est annoncé par l’auteur ; à notre connaissance, il n’a jamais paru, ni en volume, ni dans le journal.

Voir : Florence Le Cam et Pierre Van den Dungen, « Le journalisme "déguisé" en Belgique francophone (1870-1910) », in En immersion. Pratiques intensives du terrain en journalisme, Eric Neveu, dir., Rennes, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, p. 51-64.